dimanche 12 mai 2013

QUAND LA MORT DEVIENT UN ENJEU DE POUVOIR



 

On trouvera ici deux opinions sur l’exploitation politique de la mort au Togo

 

I-C.Komlavi AVOSSEYlibrepensee.over-blog.com

Libre opinion d'un togolais. Apprendre à rester dans la confrontation d'idées

19 Avril 2013


Dans notre société contemporaine « dite civilisée » l’enfant est un être fragile dont on prend soins, qu’importe le prix. Que chaque génération soit responsable de ses actes et en assume les conséquences.
La tragédie qui s’est déroulée sous nos yeux le lundi 16 avril 2013 à Dapaong est tout simplement lamentable à tout point de vue.
Depuis quand, dans notre société, les enfants sont-ils obligés de sortir dans la rue pour revendiquer le bonheur pour leurs parents ?
Quelle est cette nouvelle forme de revendication qui consiste à prendre des enfants comme des boucliers dans une lutte corporative ?
Sommes-nous alors dans ces sociétés en proie aux guerres civiles où l’on observe avec regret le recrutement des enfants pour les envoyer au combat ?
Depuis quand l’enfant est-il obligé de sortir dans la rue pour réclamer la hausse de salaire de son enseignant ?
Tant de questions qui nécessitent des réponses assez objectives et réfléchies pour que ne se répète plus cette situation.
Appelons un chat un chat. Les enfants font un combat qui n’est pas le leur.
C’est vraiment hideux et criminel lorsqu’on exhibe sur tous les fronts (politique et social) ces mineurs, ces êtres innocents pour leur faire faire un combat qui n’est pas le leur.
Tous ceux qui brandissent l’image de ces enfants dans la rue, tous ceux qui en font une exploitation quelle qu’elle soit, doivent se rappeler que si nous ne prenons garde, c’est toutes les valeurs fondamentales de notre société qui s’écrouleront sous nos yeux et avec elles l’avenir de notre société.
Que donnons- nous comme éducation aux enfants ?
Certains moins avisés me retoqueront en soutenant qu’il y a une prise de conscience à travers le comportement de ces enfants. Oh ! Quelle hypocrisie !
A nous les ainés de nous lever pour revendiquer ce que nous pensons être notre bien pour nous et par delà, pour nos enfants.
Les enseignants en mettant les enfants dans les rues pour réclamer l’amélioration de leurs conditions à eux, ont démontré combien de fois ils manquaient de courage pour prendre leur responsabilité.
Osons l’avouer, la mort d’Anselme Sinandaré Gouyano, cet écolier à Dapaong, est un crime et la question se pose de savoir à qui devrait-on l’imputer.
Certes, celui sous les balles de qui il est tombé, porte sa part de responsabilité mais le plus grand tort est à attribuera aux grévistes qui ont demandé que les enfants quittent les salles pour descendre dans les rues dans l’espoir d’un changement de leur statut. Ils ont manqué à leur devoir et le drame aurait pu être évité.
Quelle société volons-nous pour notre progéniture ?
Un enfant c’est cet être fragile, en pleine croissance, cet adulte en devenir, qui n’a pas les moyens de se protéger. La protection de l’enfant incombe aux parents et aux acteurs que la société a destinés à cette mission.
Le bon sens ne serait pas blessé si à la place des enfants, on voyait dans la rue, leurs parents et les enseignants. Là, on dirait « voilà des gens assez responsables qui sont préoccupés par l’éducation de leurs enfants ».
Les parents ne l’ont pas fait. Assis à l’ombre de leurs cases, ils contemplaient les enfants d’à peine 10 ans vadrouiller dans les rues, incapables par ailleurs de vous dire les raisons pour lesquelles ils manifestaient.
Evitons de pousser l’hypocrisie à son comble en brandissant l’image de cet enfant tombé sous « des balles assassines » comme si c’est le résultat attendu en faisant sortir les enfants dans les rues !
En plus des messes pour le repos de l’âme du petit Anselme, on devrait s’attendre à un mea-culpa solennel de la part des grévistes, à commencer par la Synergie des Travailleurs du Togo. Il faut que nous assumions nos échecs. Faire la grève oui, mais laissons de côté les tout-petits, cessons de nous cacher derrière eux pour agir.
Après l’émotion, il faut qu’on revienne un peu à la raison. Aucun élève ne doit mourir pour le bonheur de son enseignant. Si l'Etat rétribue mal les enseignants, c’est à eux d’être dans la rue. La charge qu'on porte actuellement sur nos enfants leur est trop lourde. Il faut qu’on se ressaisisse.
Et tout ceci se passe sans que cela n’émeuve les soi-disant institutions de protection et de défense des droits de l’homme et particulièrement celles chargées de la protection des enfants. Que font ces organismes chargés de protéger l’enfant contre les différents types d’abus ? Pourquoi les associations de défense de droits de l’homme ne condamnent pas l’instrumentalisation dont sont victimes nos enfants ?
Je parle bien d’instrumentalisation et c’est bien de cela qu’il s’est agi avec la sortie des jeunes adolescents pour marcher dans la rue à la place de leurs enseignants. Nos enfants ont été instrumentalisés dans une lutte qui n’était pas la leur et cela est criminel tout autant que le silence des institutions chargées de la protection des enfants.
A quoi servent les fonds des Nations Unies et d’autres bailleurs de fonds alloués aux différentes ONG qui sont sensés protéger l’enfant ?
Pourquoi aucune de ces organisations nationales et internationales ne condamne l’instrumentalisation des enfants comme moyens de pression pour assouvir les intérêts des organisations corporatives ?
Les quelques rares réactions venant de certaines associations se sont contentées de condamner la mort de l’enfant comme si elle était intervenue dans des circonstances qu’elles ignorent.
C’est ici l’occasion de souligner le caractère sournois de certaines institutions dans le processus d’apprentissage démocratique en Afrique.
Les manifestations de rue ne doivent pas être l’occasion pour la population de mettre à sac les biens publics. Manifester pacifiquement comme on aime bien à le dire n’a rien de comparable à ce à quoi nous avons assisté dans le grand nord du Togo. Si pour l’heure nous n’avons pas encore les résultats des enquêtes sur ces évènements, nous estimons que les forces de l’ordre dans leur mission ont pour rôle de préserver l’ordre public en usant des moyens légaux. Lorsqu’une caserne de gendarmerie est prise d’assaut par des manifestants, lorsqu’un commissariat est attaqué et que les armes sont emportées, lorsqu’une mairie qui comporte des archives datant des années est incendiée, on ne parle plus de manifestations pacifiques. Les biens publics restent ce qu’ils sont : Ils appartiennent indirectement à tout citoyen qui dans des circonstances normales, doit prendre des mesures pour préserver leur intégrité. Dans le cas contraire, c’est des fonds qui devraient servir à autre chose pour faire avancer la société, qui seront redéployés pour reconstruire ce qui a été détruit.
Même la commission Nationale de Droit de l’homme dans sa sortie sur ces cas, n’a pas trouvé opportun de rappeler aux citoyens la part de leur responsabilité dans ce qui est arrivé. Une manifestation pacifique doit être vraiment pacifique. Les forces de l’ordre qui encadrent les manifestations font leur devoir et ne constituent pas un ennemi à abattre.
Le fait de passer chaque fois sous silence ces aspects dénote du rôle catalyseur de ces institutions de protection et de défense des droits de l’homme qui sont inactives quand ces dérapages émanent des citoyens, mais savent recourir aux principes des droits fondamentaux de l’homme lorsque que l’autorité publique tente de prendre ses responsabilités pour ramener l’ordre.
Le font-elles par ignorance ou à dessein ? La réponse à cette question n’est pas difficile à trouver quand on prend soin de repenser le mode d’opération de ces institutions aux ordres des conquistadors.
La délégation de l’Union Européenne dans notre pays, face à la dégradation des ouvrages publics lors des manifestations et des marches de protestation, n’a-t-elle pas été contrainte de mener des programmes de sensibilisation des populations pour préserver ces infrastructures qu’elle a contribué à réaliser ?
Comme on le voit, les efforts pour la vulgarisation des droits de l’homme dans nos pays doivent s’accompagner d’un sérieux travail d’éducation civique et politique, en mettant l’accent non seulement sur les droits des citoyens comme ce que ces institutions font faire en Afrique, mais aussi sur les devoirs du citoyen qui, dans la logique des choses, devraient être la première chose à inculquer à l’ « homme tel que le veut la société ».
Il est plus que jamais urgent que ceux qui s’occupent des questions de droits de l’homme intègrent ce volet dans leur programme. Il n’y a pas une société de droit sans devoirs.

II KOFFI SOUZA Republicoftogo .com

 

TOGO :UNE PASSION MORBIDE

Toute mort est un drame même si elle s’orne de l’espérance de la vie éternelle. A plus forte raison quand elle survient dans des circonstances dramatiques ou injustes. C’est pourquoi le décès de tout être humain est encadré par une stricte procédure juridique de façon à séparer les morts naturelles des morts délictuelles ou criminelles.

On comprend donc que le décès en prison d’un des inculpés dans l’affaire des incendies exige une enquête approfondie qui ne laisse à l’écart aucune investigation et aucune hypothèse.

On comprend en revanche difficilement la passion morbide qui inspire certains. On les sent presque heureux lorsqu’un drame survient. Ils s’en emparent comme d’un étendard pour crier haut et fort la responsabilité du pouvoir en éliminant toute autre incrimination.

 Il leur faut des drames pour charger la barque des gouvernants.

 Le simple accident de la circulation est transformé en attentat.

Le désarroi suicidaire est imputé au pouvoir.  

Les  microbes et les virus  sont considérés comme des alliés de l’exécutif.

Quand un enfant est injustement tué par l’acte déviant d’un policier, on oublie de  s’interroger sur la responsabilité de ceux qui ont jeté des gamins dans les rues.

Quand des personnes sont incarcérées selon les procédures légales dans l’affaire des incendies des marchés, on fait le silence sur tous les drames humains que ces tristes évènements ont générés.

La politique est faite par les vivants pour les vivants.

Elle doit respecter la vie humaine et honorer les défunts.

 Elle ne doit pas être une passion morbide qui en viendrait à souhaiter de nouveaux morts pour s’en servir de courte échelle dans une hypothétique conquête du pouvoir.

Koffi Souza

 

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