Les
élections législatives togolaises marquent un tournant important dans la vie
politique du pays. Elles témoignent d’une recomposition du paysage politique.
L’EMERGENCE DE FORCES POLITIQUES NOUVELLES
En annonçant
la mort du RPT et la naissance d’une formation
politique nouvelle le président Faure Gnassingbé avait pris un risque politique
important celui de mécontenter tous ceux qui étaient attachés au parti historique.
Ce risque était
accentué par le renouvellement très important des cadres du parti et des
candidats aux élections. Unir n’est pas le copié –coller du RPT mais une formation
politique nouvelle. L’épi de mais a cédé la place à la colombe . Celle-ci a réussi
son envol. Le nouveau parti remporte 62 sièges c’est à dire qu’il disposera de
la majorité des deux tiers à l’assemblée C’est un succès remarquable pour le
président Faure Gnassingbé qui a favorisé l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle
génération
Succès
également du CST et de sa principale
composante l’ANC.Les dissidents de l’UFC qui ont battu le pavé ces derniers
mois remportent 19 sièges dont 7 à Lomé. Ils distancent largement l’UFC en
perte de vitesse. Force de protestation extra parlementaire le CST va devoir s’habituer
à sa nouvelle situation institutionnelle.
L’ARC BEN
CIEL avec ses six sièges représentera
une opposition plus mesurée et le carton plein de son parrain Agboyibo dans le Yoto
regonfle les ailes de ce mouvement.
La déception
de l’UFC est grande.La dissidence l’a emporté sur la légitimité historique.
Gilchrist Olympio voit son choix politique d’alliance avec le pouvoir contesté
mais il restera dans l’histoire comme l’homme qui s’est sacrifié sur l’autel de
la réconciliation nationale. Le pouvoir aura encore besoin de sa sagesse.
LA BIPOLARISATION
Les spécialistes
des systèmes électoraux ont coutume de dire que la représentation
proportionnelle est une machine à hacher les partis et à favoriser l’émiettement
des formations politiques.
Le résultat des élections dément cette loi.
Malgré la proportionnelle ,la tendance qui se dégage du scrutin est celle d’
une bipolarisation dominante. Deux forces politiques émergent : Unir et le
CST. C’est le signe d’une maturité » politique très poussée des électeurs.
C’est également l’illustration d’une forte tension politique qui conduit les
électeurs à choisir de se diviser entre
deux camps séparés par une herse de barbelés. Cela veut dire que le Togo a
encore besoin d’espaces de réconciliation et de conciliation.
LA NATIONALISATION DU SCRUTIN
On avait
coutume d’opposer jusqu’ici le RPT implanté principalement dans le nord et
l’UFC associée au sud. Le présent scrutin révèle que cette fracture régionale
est en voie de s’estomper. Les opposants progressent dans le nord du pays et Unir
s’implante dans le sud et notamment à Lomé .Le cas de la capitale est
particulièrement instructif. Unir y obtient plus de 100000 voix alors que le
RPT avait du mal à y figurer. Certes, il reste des aspérités régionales mais on
peut dire que ce scrutin témoigne d’un renforcement de l’unité togolaise
PERSONNALITES ET PROGRAMMES
Les
électeurs ont été très sensibles au choix des candidats. L’image de ceux-ci a
dominé sur les programmes. Les votants ont accordé la confiance à ceux qui ont
démontré qu’ils sont au service de la population plutôt qu’à la satisfaction de
leurs propres besoin. C’est sur ce terrain du service rendu aux populations que
se mesurera le succès ou l’échec des élus.
Ceci
explique le succès de UNIR. En lui accordant leurs suffrages en nombre,
électeurs et électrices ont voulu monter leur reconnaissance pour les progrès
de la vie quotidienne au Togo.
C’est une
lourde responsabilité pour la nouvelle formation. Elle ne doit pas se glorifier
de sa victoire mais l’apprécier comme un lourd fardeau : faire mieux et
davantage pour les populations.
Koffi Souza
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