mardi 9 juillet 2013

CINA LAWSON SUR HUFFINGTON

ON LIRA AVEC INTERET SUR LE HUFFINGTON POST DE CE JOUR L'ANALYSE DE CINA LAWSON

Cina Lawson

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Une nouvelle Afrique grâce à la jeunesse et l'entrepreneuriat

Publication: 09/07/2013 06h01


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Le Togo, jadis "la Suisse de l'Afrique", est l'un des plus petits pays francophones d'Afrique. Les perspectives ouvertes par la démarche volontariste du nouveau gouvernement pour la reconstruction du pays constituent une opportunité pour le développement de l'entrepreneuriat.
Le 18 juin dernier, à l'occasion de la 25e session parlementaire paritaire pour proposer une convention Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) à l'Union Européenne, j'ai exprimé, à Bruxelles, mon désir de voir naître un nouveau partenariat entre l'Europe et l'Afrique qui serait fondé sur une nouvelle vision du développement centrée sur la jeunesse et l'entrepreneuriat.
Plus de la moitié des populations africaines ont moins de 25 ans. Les jeunes constituent un extraordinaire vivier de talents et d'innovation. Grâce à leur créativité, ils sont les forces vives et les marchés de demain. Cependant, le chômage des jeunes reste un souci majeur. L'amélioration de leur condition de vie et de leurs perspectives d'avenir déterminera durablement le sort de l'Afrique.
Le Togo a toujours été un interlocuteur privilégié de la relation entre l'Afrique et l'Europe dans le cadre des ACP. C'est à Lomé que les bases de cette relation ont été établies il y a près de 40 ans et c'est pourquoi le Togo a souhaité rester aujourd'hui l'initiateur d'une nouvelle construction économique entre l'Afrique et l'Europe et un laboratoire positif pour la jeunesse africaine.
En effet, la croissance du Togo, comme de l'ensemble des pays d'Afrique passe nécessairement par la création d'entreprises - ce qui seul permet l'émergence d'une classe moyenne importante et prospère. C'est la raison pour laquelle, sous l'impulsion du président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé et du gouvernement auquel j'appartiens, nous souhaitons remettre résolument la jeunesse au cœur du développement du continent africain et stimuler l'émergence d'une génération de jeunes entrepreneurs.
Trois axes doivent être développés pour mettre en œuvre cette stratégie. Tout d'abord, il nous faut améliorer l'accès à l'éducation et à la formation professionnelle. Ensuite, nous devons œuvrer pour la disponibilité de sources de financement dédiées à la création d'entreprises en Afrique. Finalement, maximiser l'utilisation des nouvelles technologies, leviers potentiels de formation et de soutien aux entrepreneurs.
Concernant l'éducation et la formation professionnelle, il est nécessaire pour les États africains de mettre en place des programmes éducatifs développés en partenariat avec le secteur privé afin d'améliorer le système éducatif et le rendre plus pertinent. Plusieurs idées sont à explorer. Les institutions éducatives ou autres forums spécialisés doivent définir conjointement avec le secteur privé des curriculum et des formations qui répondent à leurs besoins et aident les jeunes Africains à acquérir le goût d'entreprendre et les compétences nécessaires pour réussir.
Nombre d'entreprises sont aujourd'hui prêtes à financer des mastères spécialisés et à mettre en place des programmes de stage et de mentorat des étudiants. Imaginons le rôle que pourraient avoir les entreprises multinationales présentes au Togo si elles pouvaient offrir chaque année des stages dans leurs filiales internationales à des jeunes Togolais.
Je plaide pour la mise en œuvre de programmes d'échanges dédiés où les jeunes entrepreneurs prometteurs auraient la possibilité d'aller étudier ou faire des stages à l'étranger. Cela devrait leur permettre de se confronter à des environnements différents afin de pouvoir créer des réseaux de relations et d'amitié qui pourront leur être utiles à l'avenir.
De même, à l'instar du programme « Global Entrepreneurship Lab - G-Lab » créé par l'université américaine du Massachusetts Institute of Technology (MIT), l'Union Européenne pourrait aider à la mise en place de programmes « ACP-UE Entrepreneurship lab  » et « ACP Entrepreneurship lab » où les étudiants d'écoles de gestion européennes ou de pays ACP viendraient en Afrique pour quelques semaines afin d'aider les jeunes dans l'élaboration de leur projet de création d'entreprise.
Les villes et les jeunes éduqués ne sont pas les seuls terreaux fertiles pour l'émergence d'initiatives innovantes ou entrepreneuriales : la jeunesse issue du monde rural et celle venant de couches sociales n'ayant pas reçu d'éducation formelle méritent tout autant de bénéficier de mesures de promotion de l'entreprise. Les Etats devraient mettre en place des programmes qui s'appuient sur les certifications nationales permettant aux artisans de mieux valoriser leur culture et leur savoir-faire. Les formations entrepreneuriales du milieu rural devraient quant à elles s'appuyer sur la mise en œuvre de stratégies de coopération tels que les achats groupés, ou les partages d'équipements ou bien encore la mise en place et la gestion d'ateliers de production modulaires pour la conservation et la transformation des produits agricoles.
Des sources de financement, peu coûteuses par ailleurs, doivent être disponibles, moyens indispensables au soutien et au développement de l'entrepreneuriat. Elles concernent aussi bien le financement du micro-entrepreneur que du dirigeant de PME. L'Union Européenne pourrait aider les États à fédérer plusieurs sources pour créer des fonds de garanties qui permettraient aux banques locales d'accorder des prêts à bas taux aux entrepreneurs. Une fois encore, il s'agit d'un partenariat public-privé dans lequel chacun aurait un rôle bien défini. Les diasporas africaines, de concert avec les organismes nationaux et internationaux, pourraient jouer un rôle déterminant dans l'apport des fonds dont auraient besoin les États pour constituer les garanties. Ces financements, notamment ceux des diasporas pourraient être transférés ou être accessibles à moindre coût par le biais de plateformes de paiement mobile ou Internet.
En effet, le rôle des nouvelles technologies dans ce schéma est crucial pour ces différents éléments. Tout d'abord, nombre de pays ne disposent ni de formateurs ni de formation d'entrepreneuriat adaptés. Cependant, il existe des contenus pertinents disponibles par le biais des nouvelles technologies, qui pourraient aider les jeunes à présenter des projets finançables. Il est donc important que l'Union Européenne et ses partenaires accélèrent la mise en place de formations en ligne. Ceci est de plus en plus facile à réaliser grâce à l'expansion d'Internet en Afrique et notamment dans les institutions éducatives. Au Togo, par exemple, le Gouvernement a financé l'accès gratuit au Wifi sur les campus universitaires de Lomé et de Kara.
Les États devraient également initier avec le secteur privé la mise en place de programmes de mentorat où des entrepreneurs nationaux et internationaux, issus ou non de la diaspora, des chefs d'entreprises et de cadres, qui ont réussi à créer des entreprises et à commercialiser des nouveaux produits, pourraient guider et accompagner des jeunes entrepreneurs. En effet, la jeunesse a besoin d'exemples concrets de réussite, de rencontrer des personnes qui ont rêvé les mêmes rêves et subi les mêmes épreuves.
Les jeunes souffrent notamment du manque d'accompagnement de leurs projets. Il est donc nécessaire de créer une plateforme de réseau d'entraide d'entrepreneurs africains au niveau mondial, qui pourrait se réunir périodiquement dans les villes africaines afin de favoriser la rencontre et la mise en relation d'entrepreneurs qui pourraient également continuer leur action en s'adossant aux réseaux sociaux et professionnels existants sur Internet.
Les couches de la population qui n'ont pas encore accès à Internet ne devraient pas être exclues de ces opportunités. Le Togo, pour cette raison, a décidé de soutenir une initiative privée visant à développer une chaîne de télévision ludo-éducative panafricaine.
Dans la perspective de tout ceci, nous souhaitons organiser au Togo à l'automne 2013, le premier « Forum Africain des Jeunes Entrepreneurs » réunissant divers acteurs, jeunes porteurs de projets, entrepreneurs établis qui ont réussi à créer leur entreprise au Togo mais également à l'étranger. Viendront y participer aussi des investisseurs potentiels, des étudiants en MBA qui pourront accompagner certains jeunes dans la structuration de leur projet et éventuellement la rédaction de leur plan d'affaires. Des agents de l'État seront également présents, et leur rôle sera de décrire et d'expliquer certaines procédures administratives comme le guichet unique.
Je souhaite vivement que ces quelques réflexions puissent enrichir les débats autour de ce que pourrait être la Nouvelle Afrique. Fidèle à l'esprit entrepreneurial de nos « Nana Benz » togolaises, ces fameuses commerçantes devenues millionnaires, possédant des Mercedes-Benz, signe de leur réussite sociale, en vendant les fameux tissus Wax dans toute l'Afrique de l'Ouest, ma vision de la Nouvelle Afrique est celle d'un réseau panafricain et transcontinental, espace ouvert à tout jeune entrepreneur, susceptible de l'aider à mieux cadrer son projet et ambition. Ces actions permettront une prise de conscience des enjeux de l'autonomisation des jeunes dans les sociétés africaines.

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