dimanche 21 juillet 2013

GILBERT BAWARA : CHACUN DOIT ALLER VOTER DANS LE CALME, DANS LA SERENITE ET EN CONFIANCE SANS SE LAISSER INTIMIDER PAR QUI QUE CE SOIT.



Interview exclusive du ministre de l’Administration Territoriale, de la décentralisation et des Collectivités locales, Gilbert Bawara
POUR LE SITE INTERNET ICILOME.COM


Le 25 Juillet 2013, le Togo vote pour les élections législatives visant au renouvellement du Parlement. Ces derniers temps, des voix se sont levées pour demander la suspension du processus. Afin de savoir un peu plus, la rédaction de icilome.com, a tendu son micro au ministre sur 5 questions.

Dans cet entretien, Gilbert Bawara rassure et fait savoir que tout est fin prêt. Pour ce qui est du séjour des deux chefs d’Etat, ivoiriens et Ghanéens dans la capitale togolaise, Gilbert Bawara reste clair : « Ils sont venus encourager les togolais à poursuivre cette campagne et à tenir les élections du 25 juillet dans un climat de sérénité et de tranquillité (….) ».

Lire l’intégralité de l’Interview.


iciLome.com : Les élections sont prévues pour le 25 juillet. Est-ce que tout est fin prêt pour le déroulement du scrutin ?

Gilbert Bawara : Bien sûr que tout est prêt. Comme vous le savez, le code électoral actuel préserve l’essentiel des dispositions consensuelles issues de l’Accord Politique Global (APG) et les acquis des scrutins législatif et présidentiel de 2007 et 2010. Les modifications apportées au cadre électoral consacrent plutôt des améliorations et renforcent les conditions de transparence et de crédibilité du processus électoral. Sur le plan technique et opérationnel, toutes les dispositions ont été prises et tout est fin prêt pour la tenue effective du scrutin le 25 juillet.

iciLome.com : Deux ONG à savoir le GRAD et la SADD demandent l’arrêt du processus. Comment cernez-vous cette demande en tant ministre en charge de l’organisation des élections ?

Gilbert Bawara : Vous savez, on a deux types d’organisations de la Société civile dans notre pays. Il y a les Organisations de la Société civile qui sont présentes sur le terrain, qui œuvrent sur le terrain et aux côtés des populations, qui sont à l’écoute des populations aussi bien dans leurs aspirations que dans leurs préoccupations et qui mènent des actions d’accompagnement des efforts des populations. Ce sont des ONG effectives et opérationnelles.

De l’autre côté vous avez des organisations de la société civile qui sont en réalité des appendices de partis politiques ou d’intérêts partisans et sectaires. A leurs têtes se trouvent des politiciens qui ne désirent pas se dévoiler ouvertement dans les partis politiques, qui s’abritent derrière la Société Civile pour poursuivre des ambitions politiques. Les Organisations de la Société civile dont vous parlez sont des organisations qui n’ont d’existence qu’à Lomé. Je n’ai jamais vu nulle part à l’intérieur du pays, des populations me parler du GRAD. Ce sont des organisations intellectuelles qui n’existent qu’à Lomé et qui passent leur temps à produire des communiqués et des rapports et qui prennent fait et cause pour une tendance politique déterminée. Le GRAD est une base arrière d’intérêts partisans et dont les accointances avec le Collectif Sauvons le Togo sont évidentes. M. Alipui n’a jamais cessé, depuis 2005, de plaider pour un partage de pouvoir et de chercher lui-même à jouer un rôle politique. Ces derniers mois et ces dernières semaines il est resté dans cette logique en plaidant en faveur d’un gouvernement de transition et en se voyant dans une position de médiateur faiseur de rois, alors qu’une Société civile sérieuse devrait plutôt œuvrer pour la préservation de la démocratie et pour des élections. Ce n’est pas parce que ses ambitions ont été déçues qu’il doit avoir peur qu’il y ait des élections et que les togolais aient la possibilité de s’exprimer. Je ne sais pas comment on peut être société civile et refuser que les togolais aient l’occasion et l’opportunité de s’exprimer quelque soit le sens dans lequel ils vont le faire.

Au niveau du gouvernement, nous pensons que c’est une agitation totalement stérile. Ce que le Collectif Sauvons le Togo n’a pas obtenu, c’est ce que le GRAD et M. Alipui cherchent à obtenir. Nous n’accordons aucun crédit, aucune importance à ce genre d’organisation de la Société civile et à ce genre de propos.

iciLome.com : Ces organisations disent craindre pour un regain de violences. Est-ce que les conditions sont réunies pour une élection sans violence au Togo ?

Gilbert Bawara : J’aurais accordé un peu foi à ces allégations et craintes s’il y avait des indices et des prémisses dans ce sens et si par exemple depuis le début de la campagne électorale il y avait des incidents ici et là, des actes de violences ici et là. En 2005, les violences étaient visibles pendant la campagne électorale et nous le déplorons. C’est justement parce qu’il y a eu 2005 qu’il ne peut plus y avoir de violences en 2013. Le gouvernement en a tiré tous les enseignements. Nous nous sommes rendus comptes que les effectifs, les capacités et les moyens d’actions de la police et de la gendarmerie qui sont chargées du maintien de l’ordre et de la sécurité publique étaient totalement insuffisants à l’époque. Nous nous sommes rendus compte que, peut-être l’Etat avait été défaillant dans sa responsabilité de prévenir et d’éviter qu’il y a des actes de violences. Des efforts considérables ont été déployés, des moyens considérables ont été mobilisés pour renforcer les effectifs de la police et de la gendarmerie, pour améliorer leurs formations, pour les familiariser avec les principes humanitaires et les principes du droit international relatif aux droits de l’homme et pour faire en sorte que dans leur mission de maintien et de rétablissement de l’ordre, elles veillent à préserver les libertés et les droits de l’homme. Il peut y avoir de temps à autre des dérapages ou de petits incidents mais des efforts colossaux ont été consentis. Surtout le gouvernement ne permettra pas, quel que soit le bord politique auquel les gens appartiendraient, qu’ils se livrent à la violence. Le gouvernement n’acceptera pas et ne tolèrera pas que des leaders politiques, quel que soit leur bord politique, incitent à la violence, à la haine et à l’intolérance. Parce que nous avons collectivement, et particulièrement au niveau du gouvernement, tiré les leçons de 2005, ce genre de situations ne peut plus se reproduire. Sinon, cela signifie une faillite collective et cela voudra dire que nous n’avons pas été instruis par des épisodes de blessures et d’épreuves que nous avons vécues.

Ces organisations parlent dans le vide et ne sont pas en mesure d’avancer des indices et des motifs fondés et valables, sauf à relayer et s’approprier les intérêts et les préoccupations d’un bord politique qui est le Collectif Sauvons le Togo. C’est leur droit mais ce serait beaucoup plus honnête qu’ils s’engagent ouvertement au sein du CST. Les gens disaient que ce collectif est un mouvement citoyen qui n’avait pas d’intérêts partisans. Mais avec cette élection les masques sont tombées. Me Zeus Ajavon fait campagne pour des intérêts particuliers. Peut-être que lui et certains de ses compagnons ont peur que la réussite des élections ne sonne le glas du CST et que le jeu politique redevienne normal.

Les Togolais sont sereins. La campagne se déroule normalement et tout cela est à mettre à l’actif non pas seulement du gouvernement mais aussi des togolais, des partis politiques et de tous les regroupements de partis politiques. Tout cela est à mettre à l’actif des mesures d’apaisement et de décrispation du climat politique auxquelles nous sommes parvenus à l’issue du dernier round du dialogue sous l’égide de Mgr Barrigah avec l’implication et le soutien des partenaires extérieurs.

iciLome.com : Les Présidents ivoiriens et nigérians ont séjourné au Togo vendredi dernier et ont rencontré les acteurs politiques. Que faut-il retenir de leur visite ?

Gilbert Bawara : Ils sont venus pour encourager et féliciter tous les acteurs politiques, les candidats, le gouvernement, la société civile et les médias parce qu’ils ont constaté qu’il y a un climat de décrispation et la campagne électorale se déroule de manière pacifique. Ils sont venus encourager les togolais à poursuivre cette campagne et à tenir les élections du 25 juillet dans un climat de sérénité et de tranquillité, dans un esprit de tolérance et de respect mutuel, à faire en sorte qu’il y ait des conditions transparentes, fiables et crédibles, qui doivent être perçues comme telles par l’opinion nationale et internationale. Ils sont venus exhorter tous les acteurs afin que, quelque soient les éventuelles contestations qui viendraient à émerger, que chacun privilégie les moyens légaux et les voies de droit.

C’est un acte d’encouragement, c’est un acte d’exhortation mais c’est aussi pour attirer l’attention des uns et des autres sur le fait que pour le développement économique du Togo, pour le développement économique de notre sous-région, nous besoin de paix et de stabilité. Si la paix et la stabilité étaient mises en péril au Togo, c’est la paix et la stabilité de la sous région ouest africaine qui seront également mises en péril. Ils sont venus pour dire également que l’Assemblée nationale est le lieu par excellence du débat démocratique et des réformes politiques et que ces élections sont une étape et non une finalité. Au lendemain de ces élections, chacun doit continuer à travailler dans un esprit d’ouverture afin que les réformes politiques qui sont encore en instance puissent être rapidement réalisées
Ils sont venus nous dire qu’ils font confiance aux togolais pour continuer à enraciner la démocratie et l’Etat de droit parce que la démocratie c’est à la fois une volonté et un processus. Elle ne se décrète pas. Il peut y avoir des imperfections, des difficultés mais nous ne devons pas nous enfermer dans nos antagonismes du passé. Nous devons avoir à l’esprit l’intérêt général de la population ; nous devons éviter d’enliser notre pays dans l’instabilité et dans l’incertitude. Les opérateurs économiques ne peuvent continuer à investir, de nouveaux investisseurs ne viendront pas investir pour créer l’emploi et la prospérité s’ils ne savent pas s’il y aura des élections et à quoi ces élections vont déboucher en terme de majorité ou de minorité, en terme de gouvernement, en terme de climat des affaires.

Leur visite est un acte de soutien et de confiance mais aussi une initiative qui vise à nous dire que nous les togolais nous ne sommes pas seuls et qu’ils sont avec nous, qu’ils sont regardants y compris sur ceux qui seraient tentés de poser des actes de violences.

iciLome.com : Avez-vous un message particulier à l’endroit des togolais ?

Gilbert Bawara : J’adresse mes remerciements pour la maturité des partis politiques et particulièrement celle que les togolais viennent de démontrer et d’afficher. Malgré les appréhensions que les uns et les autres pouvaient avoir, il est évident que les mesures d’apaisement qui ont été prises récemment par le gouvernement, le climat de décrispation que le dernier dialogue a favorisé, toutes les réformes du code électoral, les modifications qui ont permis de renforcer les conditions de transparence, de crédibilité du processus électoral, tout ce qui a été fait pour que cette compétition électorale soit loyale, équitable notamment apporter les moyens aux partis politiques pour qu’ils compétissent sur des bases égales pour tous, ont rassuré les togolais qui sont dans une campagne bon enfant.

C’est également l’occasion pour dire que le jour du scrutin, quelques soient les circonstances, quelques soient les difficultés qui peuvent survenir, naturellement nous espérons que la CENI veille à ce qu’il y ait pas de difficultés, chacun doit faire preuve de patience ; chacun doit aller voter dans le calme, dans la sérénité et en confiance sans se laisser intimider par qui que ce soit. Les togolais ne doivent pas avoir peur parce que le gouvernement a pris toutes les dispositions pour garantir leur sécurité et celle de leurs biens, pour les protéger.

Nous avons décidé de tourner la page du passé et il faut regarder vers l’avenir et construire cet avenir ensemble. Les togolais peuvent avoir confiance que les résultats qui seront issus des urnes refléteront leur volonté. Qu’ils soient attentifs et qu’aucun parti politique, qu’aucun média, qu’aucune organisation de la société civile ne les conduisent à l’intolérance, à la haine d’un togolais contre un autre togolais, à la haine qui serait fondée sur des considérations tribales, régionalistes. Nous devons cultiver l’amour des uns et des autres, préserver l’harmonie dans la société.

Nous souhaitons et nous avons espoir que ces élections vont ouvrir d’autres perspectives dans notre marche vers le développement économique et dans les efforts pour satisfaire les besoins et attentes des populations. Pour que nous arrivions à ce stade, à ces perspectives, il faut réussir impérativement les élections. Que les togolais aillent voter massivement pour les candidats et les candidates de leur choix et qu’ils retournent chez eux vaquer à leurs occupations parce que le reste relèvera de la CENI et du gouvernement avec la contribution des partis politiques. Pour les étrangers qui ont choisi notre pays, pour y vivre et pour y investir, qu’ils soient sereins et confiants.


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