TOGO-FRANCE : UNE RELATION APAISEE
DANS UNE AFRIQUE DESTABILISEE
Les relations entre la France et le Togo sont au
beau fixe et c’est dans ce contexte apaisé que se déroule la visite officielle
de Faure Gnassingbé en France à l’invitation de François Hollande
.Les réformes politiques et économiques en cours au
Togo ont rassuré les partenaires au développement dont la plupart avaient pris
leur distance en raison des incertitudes que créait un processus de
démocratisation particulièrement difficile.
La France qui n’avait jamais rompu complètement a
été la première à reprendre sa coopération avec le Togo.
Au moment où le Président Faure Gnassingbé rencontre
le Président François Hollande à l’Elysée, la coopération franco-togolaise
vient de franchir tout juste le cap symbolique des cinquante années. C’est en effet le 10
juillet 1963 que le gouvernement de la République française et le gouvernement
de la République togolaise ont signé leurs tout premiers accords de coopération.
Cette coopération qui s’est diversifiée au fil des
ans s’effectue aujourd’hui le long de trois axes majeurs, l’appui au
développement et le social, la défense et la sécurité.
PROGRES DEMOCRATIQUES AU TOGO
Les progrès démocratiques du Togo ont rouvert les
portes d’une coopération franche et sereine entre les deux Etats amis
Le succès des élections législatives du 25 juillet
2013, organisées dans un climat consensuel et de totale transparence est sans doute l’une des manifestations les
plus récentes de l’évolution positive
que connaît la démocratie au Togo.
L’apaisement du climat politique est le fruit du
processus de réconciliation nationale qui a pris un tournant décisif avec la
création le 29 mai 2009 d’une Commission Vérité Justice et Réconciliation. Le
Président Faure Gnassingbé avait donné d’énormes chances de succès à cette
Commission en portant à sa tête un prélat, Mgr Barrigah, évêque d’Atakpamé.
Aujourd’hui, la mise en œuvre des recommandations
formulées par la CVJR suit activement son cours. En aout 2013, le Ministère des droits de l’homme a été nommément chargé, lors de la formation d’un nouveau
gouvernement, de veiller à la mise en œuvre effective des recommandations qui
sont contenues dans son rapport final.
L’apaisement politique dont jouit aujourd’hui le
pays, n’aurait pas été possible sans une politique active de « main
tendue » visant à transcender les clivages politiques pour mobiliser tous
les Togolais dans l’œuvre de réconciliation et de reconstruction nationale.
L’ouverture politique amorcée en 2005 a pris un relief
particulier en 2010, notamment avec la
signature d’un accord de gouvernement qui a permis au principal parti
d’opposition, l’Union des forces de changement(UFC) ainsi qu’à d’autres
formations politiques de faire leur entrée au Gouvernement.
L’ouverture politique s’est également manifestée par
une série de réformes institutionnelles engagées dans le droit fil de l’Accord
politique global(APG) signé en 2006. Cet accord
avait jeté les bases d’une refondation profonde de la vie politique au
Togo.
Les grandes institutions de la République ont été ou
sont en voie de réaménagement pour permettre aux représentants des différents
courants de la vie politique d’y siéger et d’y faire valoir la diversité des
opinions.
Il en va ainsi de la Haute autorité de l’audiovisuel
et de la communication, de la Commission nationale des droits de l’homme, de la
Cour constitutionnelle, etc., etc.
Dans sa déclaration de politique générale présentée
devant l’Assemblée nationale en septembre 2013, le Premier ministre togolais
Monsieur Séléagodji Ahoomey-Zunu a réitéré la ferme volonté du Gouvernement de
poursuivre et de parachever les réformes institutionnelles et
constitutionnelles nécessaires à l’ancrage de la démocratie et de l’Etat de
droit au Togo.
En matière électorale, le Togo a organisé depuis 2007, avec un succès unanimement reconnu, trois
scrutins de grande envergure. Il s’agit des élections législatives de 2007, de
l’élection présidentielle de 2010 et des élections législatives de 2013.
Ces trois grands rendez-vous électoraux se sont
déroulés sans violence et dans un climat
consensuel même si certaines formations usent systématiquement de leur droit de
contester les résultats. Ce droit s’exerce au demeurant dans l’indifférence générale.
Le Togo est entrée depuis 2007 dans une ère
d’élections apaisées qui développe un climat propice à la poursuite de la
coopération franco-togolaise.
LES RELATIONS ECONOMIQUES TOGO FRANCE
La France est l’un des principaux partenaires
commerciaux du Togo.
Les exportations françaises se concentrent sur les
catégories de produits suivantes : produits pharmaceutiques, produits
pétroliers raffinés et coke, équipements mécaniques, matériel électrique,
électronique et informatique, produits des industries agroalimentaires,
matériels de transport, produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de
l’aquaculture. En 2011, les exportations de la France ont progressé de 3,6%.
Les importations, bien qu’en progression notoire
(+29,4% en 2011avec un montant total de 23,041 M €), restent à un niveau très
faible. Depuis quelques années déjà la progression est due essentiellement aux
produits agricoles et aux produits des industries agroalimentaires.
Une vingtaine de filiales de sociétés françaises
ainsi que plusieurs entreprises à intérêts français sont présentes sur le
territoire togolais - en particulier dans les secteurs bancaire, de
l’hôtellerie, des transports et de la manutention portuaire, des hydrocarbures,
du BTP, des communications et de l’agroalimentaire.
La France souhaite densifier ces relations
économiques. Accor a obtenu de conserver l'exploitation de l'hôtel Mercure
Sarakawa pendant une période transitoire de un an durant laquelle il renégocie
les termes de son bail; Veritas et la Soget viennent de se voir confier la mise
en place d'un guichet unique au port de Lomé; La Société Générale ouvrira
prochainement une agence à Lomé.
LE DEVE LOPPEMENT DE LA COOPERATION
La France est le premier bailleur bilatéral du Togo.
En 2008, à l’occasion de la visite du Secrétaire d’Etat chargé de la
coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet, a été signé le Document
cadre de partenariat France-Togo (2008-2012). Sont privilégiés les secteurs de
l’éducation, des infrastructures urbaines et de la
Santé, relevant des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). Les actions de coopération conduites dans ces domaines
sont essentiellement mises en œuvre par l’Agence Française de Développement.
Des objectifs transversaux prioritaires sont également mis en œuvre par le MAEE
: l’appui à la gouvernance, la promotion de la francophonie et de la diversité
culturelle et le développement de la coopération de proximité.
La coopération au développement a pour principal
canal d’intervention l’Agence française de développement.
Aujourd’hui l’AFD intervient au Togo par délégation
de fonds de l’Union européenne à travers le programme d’aménagement urbain du
Togo (PAUT) qui vise à assainir les quartiers Est de la ville de Lomé, déclarés
zones vulnérables en raison des fréquentes inondations qui y sont enregistrées.
L’AFD a subventionné le PAUT à hauteur de 8,5
milliards de FCFA (13 millions d’euros) notamment pour la lutte contre les
inondations et la gestion des déchets solides.
Par ailleurs l’AFD a subventionné grâce à une
convention signée en août 2011 l’exécution du programme de développement
communautaire des quartiers vulnérables urbains et périurbains de Lomé à hauteur de 3,3 milliards de FCFA
(cinq millions d’euros). Ce programme vise à améliorer les conditions de vie
des habitants de ces quartiers et à faciliter leur accès aux services
essentiels.
Démarré en 2007, sur un financement de l’Union
européenne d’un montant total de 13,9 milliards de FCFA, le Programme
d’aménagement urbain du Togo connaît un franc succès.
Une convention de financement pour le démarrage de
la seconde phase a été signée en 2013 et devra permettre de mobiliser 28,3
milliards de FCFA soit 43 millions d’euros.
En 2009, l’AFD a bénéficié d’une délégation de fonds
de l’Union européenne pour la mise en œuvre du programme d’appui à la
sécurisation des élections présidentielles de 2010 au Togo pour un montant
total de 3,5 millions d’euros.
Globalement l’aide publique au développement de
(APD) accordée par la France au Togo en 2012 s’élève à 28,56 millions d’USD,
soit 6,56% de l’aide totale octroyée au Togo. Ce qui place la France au 6e rang
du classement des principaux partenaires au développement. Il s’agit par ordre
d’importance de la Chine, la CEDEAO, la Banque mondiale, le système des nations
Unies, l’Union européenne, la France, le Groupe de la Banque africaine de
développement, les ONG internationales, la Banque islamique de développement et
les Etats Unis d’Amérique.
Il faut noter que l’aide française au développement
prend généralement la forme de dons de l’AFD qui s’élèvent à 27,406 millions
USD pour 2012 alors que la Chine et la BIDC par exemple interviennent en
priorité à travers les prêts concessionnels.
Autre détail important, l’AFD a accordé au Togo en
2012 un Appui global budgétaire de 0,60 millions USD, ce qui dénote de la
confiance qui règne entre les deux partenaires.
Au-delà de l’Aide publique au développement, il faut
signaler que depuis 1996, la France appuie la société civile togolaise à
travers le Fonds Social de Développement
devenu Fonds d’appui aux sociétés civiles du Sud (FASCS).
Ainsi de 1996 à 2011 plus environ 5 milliards de
FCFA soit 8,31 millions d’euros ont été mobilisés pour promouvoir des
initiatives locales et innovantes portées par les acteurs de la société civile.
LA PRIORITE
DE LA SECURITE ET DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
La visite du Président Faure Gnassingbé à l’Elysée
intervient à un moment où l’Afrique est
touchée par le terrorisme et la piraterie.
C’est l’occasion pour les partenaires de développer
leur communauté de vues. Au cours des derniers mois, la sécurité régionale et
continentale a été au cœur des relations entre les deux Etats, notamment avec
l’intervention au Mali - où la diplomatie française a pu compter sur le soutien
du Togo - mais aussi au Sahel, ou en RCA. Ce partenariat dans la lutte contre
le terrorisme présent naturellement un intérêt pour l’Afrique occidentale au
Sahel, première victime des actes terroristes, mais également pour l’Etat
français qui cherche à stopper les groupes qui tenteraient de s’attaquer à
l’Europe et la France.
Le Togo souhaite, par ailleurs, développer une
stratégie maritime nationale de lutte contre la piraterie, avec l'appui de la
France et s’intégrant dans un contexte régional. En mars 2009, le Togo a été le
tout premier pays africain à réviser son accord de défense avec la France,
conformément aux nouvelles orientations définies par Paris. Désormais, les
relations entre les deux pays dans le domaine de la défense sont guidées par
les principes de base que sont la transparence, la réciprocité, la
concertation, le respect mutuel et la sécurité collective.
C’est à travers ce
cadre rénové et adapté au nouveau
contexte international que le Togo et la France effectuent périodiquement des
exercices mutuels d’entrainement à la manœuvre dans les eaux togolaises ainsi
que des échanges d’expériences professionnelles. Le dernier exemple de ce type
de manœuvres remonte à septembre 2013, lors de l’escale de la frégate de
surveillance Germinal dans le port de Lomé.
Des exercices de simulation de lutte contre la
piraterie maritime ont été également menés au large des côtes togolaises en
mars 2013, lors de l’escale du bâtiment de protection et de commandement le
Mistral.
La lutte contre le trafic des stupéfiants est
devenue ces dernières un domaine de prédilection pour la coopération entre la
France et le Togo.
Le service de sécurité de l’Ambassade de France au
Togo s’est ainsi beaucoup investi pour le renforcement des capacités des
gendarmes, policiers, douaniers et autres auxiliaires de
justice togolais, en matière de conduite des auditions des trafiquants
présumés.
Compte tenu des proportions importantes que prend la
cybercriminalité, la Cellule cybercriminalité de la Direction centrale de la
Police judiciaire bénéficie régulièrement de modules de formation dispensés par
des experts français.
Le Togo et la France, dans le cadre de leur
spécificité et de leurs in intérêts nationaux développent ainsi une coopération
sereine dans une Afrique déstabilisée.
Koffi Souza
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