REFORMES AU TOGO ET COOPERATION RENFORCEE AVEC LA FRANCE
Après une première rencontre en
septembre 2012 à New York, en marge des travaux de l’Assemblée générale des
Nations Unies, le Président français François Hollande accueille à l’Elysée le
Chef de l’Etat togolais, Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé. Un an plus tôt,
les deux chefs d’Etat avaient mis à profit leur tête-à-tête à New-York,
épicentre de la diplomatie multilatérale,
pour échanger longuement sur l’état du
monde. La situation au Sahel et en particulier la crise malienne ainsi que la
lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime avaient été au cœur de leurs préoccupations.
La visite du Président Faure
Gnassingbé à l’Elysée en ce mois de novembre 2013, se situe dans le prolongement naturel de cette
première rencontre et vient ainsi consacrer une nouvelle étape dans le
développement des liens séculaires qui unissent
le Togo à la France.
Cette visite intervient dans un
contexte particulier.
En effet les réformes lancées
depuis 2005 au Togo se poursuivent à un rythme soutenu. Elles portent déjà des
fruits notamment dans le domaine de la gouvernance politique et économique.
Le passage du Président
togolais à l’Elysée a également pour toile de fond, la bonne santé des
relations de coopération entre la France et le Togo . Jamais totalement
rompues, même aux heures les plus difficiles de la crise socio-politique que le
Togo a connue au début des années 90, la coopération entre les deux pays est
aujourd’hui au beau fixe.
TOGO,
UN PAYS EN PLEINE REFORME
Le succès des élections
législatives du 25 juillet 2013, organisées dans un climat consensuel et de totale
transparence est sans doute l’une des
manifestations les plus récentes de l’évolution positive que connaît
le chantier de la démocratie au Togo.
Amorcées depuis 2005, les
réformes ont permis d’apaiser le climat politique, d’ouvrir le jeu politique et
de faire rentrer le Togo dans une ère d’élections apaisées.
L’apaisement
du climat politique est le fruit du processus de réconciliation
nationale qui a pris un tournant décisif avec la création le 29 mai 2009 d’une
Commission Vérité Justice et Réconciliation. Le Président Faure Gnassingbé avait
donné d’énormes chances de succès à cette Commission en portant à sa tête un
prélat, Mgr Barrigah, évêque d’Atakpamé.
Fait chevalier de la Légion d’honneur en octobre 2013 pour le
rôle éminent joué dans le processus de réconciliation nationale, Mgr Barrigah a
mis ses qualités d’homme d’église et de diplomate au service d’une institution
qui a sillonné tout le Togo pour panser les cœurs des victimes des
violences à caractère politique et des
violations des droits de l’homme que le Togo a connues entre 1958 et 2005.
Aujourd’hui, la mise en œuvre
des recommandations formulées par la CVJR suit activement son cours. En aout
2013, le Ministère des droits de l’homme
a été nommément chargé, lors de la
formation d’un nouveau gouvernement, de veiller à la mise en œuvre effective
des recommandations qui sont contenues dans son rapport final.
L’apaisement politique dont
jouit aujourd’hui le pays, n’aurait pas été possible sans une politique active
de « main tendue » visant à transcender les clivages politiques pour
mobiliser tous les Togolais dans l’œuvre de réconciliation et de reconstruction
nationale.
L’ouverture politique amorcée
en 2005 a pris un relief particulier en 2010, notamment avec la signature d’un accord de
gouvernement qui a permis au principal parti d’opposition, l’Union des forces
de changement(UFC) ainsi qu’à d’autres formations politiques de faire leur
entrée au Gouvernement.
L’ouverture politique s’est
également manifestée par une série de réformes institutionnelles engagées dans
le droit fil de l’Accord politique global(APG) signé en 2006. Cet accord avait jeté les bases d’une refondation
profonde de la vie politique au Togo.
Les grandes institutions de la
République ont été ou sont en voie de réaménagement pour permettre aux
représentants des différents courants de la vie politique d’y siéger et d’y
faire valoir la diversité des opinions.
Il en va ainsi de la Haute
autorité de l’audiovisuel et de la communication, de la Commission nationale
des droits de l’homme, de la Cour constitutionnelle, etc, etc.
Dans sa déclaration de
politique générale présentée devant
L’Assemblée nationale en
septembre 2013, le Premier ministre togolais Monsieur Séléagodji Ahoomey-Zunu
avait réitéré la ferme volonté du Gouvernement de poursuivre et de parachever
les réformes institutionnelles et constitutionnelles nécessaires à l’ancrage de
la démocratie et de l’Etat de droit au Togo.
En
matière électorale, le Togo a
organisé depuis 2007, avec un succès
unanimement reconnu, trois scrutins de grande envergure. Il s’agit des élections
législatives de 2007, de l’élection présidentielle de 2010 et des élections
législatives de 2013.
Ces trois grands rendez-vous
électoraux se sont déroulés sans violence et dans un climat consensuel même si certaines
formations usent systématiquement de leur droit de contester les résultats. Ce
droit s’exerce au demeurant dans l’indifférence générale.
Mais d’année en année, la
machine électorale s’est de l’avis général affinée au Togo. Le code électoral
est constamment réaménagé au lendemain de chaque scrutin, notamment pour tenir
compte des recommandations des missions électorales.
Un nouveau découpage électoral
a même été acté en 2013.
Au total le Togo est entré
depuis 2007 dans une ère d’élections apaisées qui créé un climat propice à la
poursuite des efforts de relance économique.
Le
train des réformes économiques a parallèlement permis de
changer radicalement les schémas de la
gouvernance. Les efforts d’assainissement de l’économie ont été couronnés par
l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés(PPTE)
en décembre 2010.
Depuis lors, le Togo a regagné
la confiance des bailleurs de fonds et a accéléré dans la foulée son programme
de relance économique. La stratégie accélérée de croissance pour l’emploi(SCAPE)
qui en est le nouveau cadre met un accent tout particulier sur l’émergence économique
qui s’appuie sur divers projets structurants notamment dans le domaine des
infrastructures. Elle accorde également une place importante à la santé, l’éducation,
à l’accès à l’eau potable et l’assainissement, autant de domaines dans
lesquels, le partenariat avec la France a contribué à la réalisation de projets
concrets au profit des populations togolaises.
FRANCE
TOGO, 50 ANS DE COOPERATION AGISSANTE
Les réformes politiques et
économiques en cours au Togo ont eu le don de rassurer les partenaires au
développement dont la plupart avaient pris leur distance en raison des
incertitudes que créait un processus de démocratisation particulièrement
difficile.
La France qui n’avait jamais
rompu complètement a été la première à reprendre sa coopération avec le Togo.
Les deux pays sont donc engagés dans un partenariat traditionnel qui a surmonté
l’épreuve du temps.
Au moment où le Président Faure
Gnassingbé rencontre le Président François Hollande à l’Elysée, la coopération
franco-togolaise vient de franchir tout juste le cap symbolique des cinquante années. C’est en effet le 10 juillet
1963 que le gouvernement de la République française et le gouvernement de la
République togolaise ont signé leurs tout premiers accords de coopération.
Cette
coopération qui s’est diversifiée au fil des ans s’effectue aujourd’hui
le long de trois axes majeurs : la défense et la sécurité, l’appui au
développement et le social.
Coopération
en matière de défense et de sécurité
En mars 2009, le Togo a été le
tout premier pays africain à réviser son accord de défense avec la France,
conformément aux nouvelles orientations définies par Paris. Désormais, les
relations entre les deux pays dans le domaine de la défense sont guidées par
les principes de base que sont la transparence, la réciprocité, la
concertation, le respect mutuel et la sécurité collective.
C’est à travers ce cadre rénové et adapté au nouveau contexte international que
le Togo et la France effectuent périodiquement des exercices mutuels
d’entrainement à la manœuvre dans les eaux togolaises ainsi que des échanges
d’expériences professionnelles. Le dernier exemple de ce type de manœuvres
remonte à septembre 2013, lors de l’escale de la frégate de surveillance
Germinal dans le port de Lomé.
Des exercices de simulation de
lutte contre la piraterie maritime ont été également menés au large des côtes
togolaises en mars 2013, lors de l’escale du bâtiment de protection et de
commandement le Mistral.
La lutte contre le trafic des
stupéfiants est devenue ces dernières un domaine de prédilection pour la
coopération entre la France et le Togo.
Le service de sécurité de
l’Ambassade de France au Togo s’est ainsi beaucoup investi pour le renforcement
des capacités des gendarmes, policiers, douaniers et autres auxiliaires de justice togolais, en matière de conduite des
auditions des trafiquants présumés.
Compte tenu des proportions
importantes que prend la cybercriminalité, la Cellule cybercriminalité de la
Direction centrale de la Police judiciaire bénéficie régulièrement de modules
de formation dispensés par des experts français.
Coopération
au développement
La coopération au développement
a pour principal canal d’intervention l’Agence française de développement.
Aujourd’hui l’AFD intervient au
Togo par délégation de fonds de l’Union européenne à travers le programme
d’aménagement urbain du Togo (PAUT) qui vise à assainir les quartiers Est de la
ville de Lomé, déclarés zones vulnérables en raison des fréquentes inondations
qui y sont enregistrées.
L’AFD a subventionné le PAUT à
hauteur de 8,5 milliards de FCFA (13 millions d’euros) notamment pour la lutte
contre les inondations et la gestion des déchets solides.
Par ailleurs L’AFD a
subventionné grâce à une convention signée en août 2011 l’exécution du
programme de développement communautaire des quartiers vulnérables urbains et
périurbains de Lomé à hauteur de 3,3
milliards de FCFA (cinq millions d’euros). Ce programme vise à améliorer les
conditions de vie des habitants de ces quartiers et à faciliter leur accès aux
services essentiels.
Démarré en 2007, sur un
financement de l’Union européenne d’un montant total de 13,9 milliards de FCFA,
le Programme d’aménagement urbain du Togo connaît un franc succès.
Une convention de financement pour
le démarrage de la seconde phase a été signée en 2013 et devra permettre de
mobiliser 28,3 milliards de FCFA soit 43 millions d’euros.
En 2009, l’AFD a bénéficié
d’une délégation de fonds de l’Union européenne pour la mise en œuvre du
programme d’appui à la sécurisation des élections présidentielles de 2010 au
Togo pour un montant total de 3,5 millions d’euros.
Globalement l’aide publique au
développement de (APD) accordée par la France au Togo en 2012 s’élève à 28,56
millions de USD, soit 6,56% de l’aide totale octroyée au Togo. Ce qui place la
France au 6e rang du classement des principaux partenaires au
développement. Il s’agit par ordre d’importance de la Chine, la CEDEAO, la
Banque mondiale, le système des nations Unies, l’Union européenne, la France,
le Groupe de la Banque africaine de développement, les ONG internationales, la
Banque islamique de développement et les Etats Unis d’Amérique.
Il faut noter que l’aide française
au développement prend généralement la forme de dons de l’AFD qui s’élèvent à
27,406 millions USD pour 2012 alors que la Chine et la BIDC par exemple
interviennent en priorité à travers les prêts concessionnels.
Autre détail important, l’AFD a
accordé au Togo en 2012 un Appui global budgétaire de 0,60 millions USD, ce qui
dénote de la confiance qui règne entre les deux partenaires.
Au-delà de l’Aide publique au
développement, il faut signaler que depuis 1996, la France appuie la société
civile togolaise à travers le Fonds Social de Développement devenu Fonds d’appui aux sociétés civiles du
Sud (FASCS).
Ainsi de 1996 à 2011 plus
environ 5 milliards de FCFA soit 8,31 millions d’euros ont été mobilisés pour
promouvoir des initiatives locales et innovantes portées par les acteurs de la
société civile.
La visite du Président Faure
Gnassingbé à l’Elysée intervient donc dans un climat favorable qui devrait
permettre aux deux pays d’intensifier leurs relations bilatérales et
d’approfondir une large panoplie de liens tissés par l’histoire.
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